Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Macron interfère, Attal légifère

L’essentiel du dimanche politique.
Par SARAH PAILLOU
Envoyez vos infos | Abonnez-vous gratuitement | Voir dans le navigateur
DOUZE POINTS. Pour changer des européennes (on y vient plus bas, ne paniquez pas), Dimanchissime vous propose une autre compétition continentale, musicale celle-là. L’Eurovision, qui se tenait hier soir, s’est vu percuter par le conflit israélo-palestinien : la candidate de l’Etat hébreu, Eden Golan, a été huée lors de sa prestation tandis que des manifestations contre la participation d’Israël au concours se tenaient encore hier à Malmö, en Suède, où se déroulait l’événement.
La classe politique française n’a évidemment pas manqué de s’en mêler, dès hier et encore aujourd’hui, entre condamnations du traitement réservé à la chanteuse israélienne (ici ou là), soutiens marqués par des votes en sa faveur d’élus macronistes et du Rassemblement national… ou enthousiasme pour le représentant de la France, Slimane.
Insuffisant pour l’emporter : si le Suisse Nemo a raflé la mise, le candidat tricolore s’est offert une honorable quatrième place — et son “Je t’aaaaiiimme”, une place gravée dans la tête de votre serviteure. Après un coup d’œil à la performance irlandaise, disons, déroutante, découvrez votre menu du jour : 
— Attal se projette dans ses prochaines réformes.
— Dans la campagne et le coup d’après : Macron milite et cogite.
— Aubry encore et toujours ramenée à Israël-Gaza.
COURSE SUR LE FOND. D’accord, il fait campagne pour les européennes (mardi dernier à Paris, avant un autre meeting demain à Lyon), mais Gabriel Attal entend aussi et surtout faire savoir qu’il s’agite pour mettre en place ses réformes annoncées. Le Premier ministre s’affichait ce matin en une du JDD, qui le dépeint en “force tranquille”, ne donnant “aucune prise” à ses adversaires ni “signe de fébrilité”, mais aussi “souriant, calme, attentif” (tout ça).
Sur le fond. Le chef du gouvernement a livré le calendrier de ses prochains grands rendez-vous à l’hebdomadaire.
— Les nouvelles règles de l’assurance chômage seront présentées en fin de semaine lors d’une conférence de presse, écrit le JDD. L’exécutif compte augmenter la durée de travail nécessaire pour accéder aux indemnités chômage ; et tant pis pour ceux, dans la majorité, qui n’ont pas fait montre d’une franche adhésion à cette idée.
— L’annonce d’annonces futures (c’est un concept) sur “l’autorité”, la semaine du 19 mai, dont “une nouvelle mesure qui contraindra les parents à réagir dès le début de l’année scolaire, à la première alerte”.
— Le projet de loi sur la justice des mineurs sera présenté cet été. Au menu : “procédure de comparution immédiate pour les mineurs, responsabilisation des pères défaillants, mise en place d’une échelle de sanctions-réparations infligées aux parents en cas de dégâts matériels causés par leur enfant”, détaille Le JDD.
PARIS 2026. Dimanchissime retient surtout de ces quatre pages trois petits mots sur l’éventualité d’une candidature attalienne aux prochaines municipales parisiennes : “C’est compliqué”, répond le chef du gouvernement.
Quitter Matignon pour briguer une mairie s’avère toujours un choix délicat… encore plus quand son patron (Emmanuel Macron, pour ceux qui rêvassent) a déjà topé avec Rachida Dati, sérieusement pressentie pour devenir la tête de liste du camp présidentiel.
**Que signifient les resultats des elections européennes pour l’avenir de l’Europe ? Rejoignez-nous le lundi 10 juin, au lendemain du vote, pour décortiquer les résultats avec un panel d’experts, tout en profitant d’un délicieux brunch. Inscrivez-vous dès maintenant!**
LE PR EN FILIGRANE. Le futur débat de Gabriel Attal avec Jordan Bardella, le 23 mai sur France 2, serait-il déjà jugé insuffisant pour dynamiser la campagne de Valérie Hayer, toujours loin derrière le RN dans les intentions de vote à moins d’un mois du scrutin ? Selon La Tribune Dimanche, Emmanuel Macron réfléchit à faire de même face à… Marine Le Pen.
Elle a dit oui. “J’ai déjà répondu à cette question et j’ai dit oui”, a de nouveau fait savoir la patronne du RN au Parisien, cet après-midi.
Au passage : Raphaël Glucksmann a regretté sur France 3, à l’heure du barbecue, d’être exclu du prochain duel Attal-Bardella. “Est-ce que vous trouvez normal que le service public organise à quinze jours de l’élection européenne un débat […] entre la droite et l’extrême droite en excluant la gauche ?”, s’est indigné la tête de liste Parti socialiste-Place publique.
Mais encore. Le PR parlait, lui, toujours d’Europe ce week-end, dans une vidéo, diffusée hier sur les réseaux sociaux, de réponses à des questions d’internautes (opportunément choisies, si vous en doutiez). Le chef de l’Etat y a notamment “espéré qu’on n’aura pas à faire la guerre” en Ukraine.
“Non, la France n’est pas une puissance de guerre, mais une puissance de paix, a-t-il développé. Mais oui, si on veut avoir la paix, il faut la protéger. C’est pour ça qu’il faut s’armer, et qu’il faut être dissuasifs et crédibles.”
Le tacle au RN était évidemment de la partie. Macron a dénoncé “une forme d’hypocrisie, de projet caché aujourd’hui des extrêmes droites”, celui d’une sortie de l’Europe et/ou de l’euro. Un argumentaire que s’est empressée de reprendre, bonne élève, Valérie Hayer sur Europe 1 ce matin.
Entre deux maux. Le Parisien raconte aussi les réflexions présidentielles pour l’après-européennes, entre risque d’une motion de censure et hypothèse d’un gouvernement d’union nationale, ou d’une coalition avec Les Républicains Macron-compatibles et “la frange sociale-démocrate”, dixit le chef de l’Etat lui-même.
Tant pis pour Attal ? Le Premier ministre se raccroche dans Le JDD à l’idée que “le président a déjà répondu : les élections européennes n’auront pas d’incidence sur la politique nationale.”
Prêt à l’emploi. Il en est un autre qui ne dirait pas non à un changement à Matignon : Gérard Larcher n’a pas exclu, ce matin, l’idée de devenir Premier ministre d’une coalition rassemblant son parti et le camp présidentiel. Interrogé par La Tribune Dimanche, le président du Sénat élude : “Ces décisions appartiennent au président de la République et à personne d’autre.” Tout en listant ses idées sur l’éducation, la santé, ou encore l’autorité. Au cas où.
LE MÊME REFRAIN. Pour changer (non), l’interview de Manon Aubry, à la mi-journée sur LCI, a débuté par le positionnement de La France insoumise vis-à-vis d’Israël. La tête de liste des mélenchonistes aux européennes a été sommée de s’expliquer sur la demande de son mouvement d’exclure le pays de l’Eurovision (encore lui).
Une question de “cohérence” a justifié l’eurodéputée, rappelant l’exclusion de la Russie du concours en 2022. “Israël commet […] des crimes de guerre voire des crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza, a-t-elle poursuivi. On ne peut pas utiliser l’Eurovision comme une machine à blanchir des massacres.”
Gaza oui, mais pas que. Comme avec Playbook en début de semaine, Manon Aubry a aussi tenté de justifier la nécessité de parler du conflit au Proche-Orient… tout en essayant de faire exister d’autres thématiques.
LE BRUIT ET LA STUPEUR. Reste que l’omniprésence de l’offensive israélienne dans la campagne LFI déroute les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022. Interrogés par Le Parisien, ces Insoumis d’un temps regrettent “le scandale permanent”, un tribun qui “fait tout pour diviser”, des “propos limite antisémites” et réclament la “paix” plutôt que de “mettre le feu”.
Coup d’après. Cette focalisation serait aussi une erreur stratégique, analyse dans le même journal le sondeur Brice Teinturier qui n’y voit pas un “enjeu mobilisateur”.
Objectif de Mélenchon, selon le directeur général délégué de l’Ipsos : séduire des catégories de la population — “les jeunes, les Français musulmans, les banlieues populaires et tous ceux qui se sentent discriminés” — qui pourraient ne pas se rendre aux urnes le 9 juin… mais être au rendez-vous de la présidentielle de 2027.
LE CŒUR À GAUCHE. Il l’a promis à la mi-journée : Raphaël Glucksmann ne va pas “disparaître complètement” après les élections européennes. L’eurodéputé compte rester “le garant” des lignes tranchées à gauche au cours de ce scrutin, et donc participer à “recréer” un camp “humaniste, pro-européen, démocratique” dans la perspective de 2027.
QUE DES GENS BRUNS. Quelque 850 militants d’ultradroite ont défilé hier à Paris, pour commémorer la mort accidentelle de l’un d’entre eux en 1994, Sébastien Deyzieu. Libération raconte le cortège de tatouages nazifiants et autres croix celtiques, Franceinfo le “climat tendu” de la manifestation, qui s’est toutefois déroulée sans heurts et dans une relative indifférence… si ce n’est l’indignation de la gauche et de quelques macronistes, relève Le HuffPost.
L’édition 2023 de ce rendez-vous annuel avait suscité une vive polémique, quand les cagoulés n’étaient “que” 500.
À noter : l’interdiction de ce rassemblement prononcée par la préfecture de police de la capitale, décision retoquée par le tribunal administratif … l’hommage à Sébastien Deyzieu rendu sur X par Alex Loustau, intime de Marine Le Pen et prestataire du RN … la présence de son fils, Gabriel Loustau, au premier rang du défilé … la condamnation de la manif (“déplorable”) par Marion Maréchal, à la mi-journée sur LCI.
PAPA POULE. Congé de naissance, c’est parti. Le gouvernement lancera mercredi une concertation à ce sujet, a annoncé Sarah El Haïry à La Tribune Dimanche. La ministre de l’Enfance entend concrétiser ce projet dans le prochain budget de la Sécurité sociale. Emmanuel Macron avait esquissé cette semaine les grands axes de ce nouveau congé.
L’invité politique de Franceinfo : Thierry Mariani, eurodéputé et candidat RN aux européennes.
L’invité du 8h30 de Franceinfo : Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis et porte-parole du PS.
Le Grand rendez-vous sur Europe 1 avec CNews et Les Echos : Valérie Hayer, tête de liste Renaissance-Besoin d’Europe aux élections européennes.
Dimanche en politique sur France 3 : Nathalie Arthaud, François Asselineau puis Raphaël Glucksmann, têtes de liste aux européennes, respectivement de Lutte ouvrière, de l’UPR et du PS-Place publique.
Questions politiques sur France Inter et Franceinfo avec Le Monde : pas de diffusion en raison d’un mouvement de grève sur France Inter.
Le Grand Jury sur RTL et Paris Première avec Le Figaro : Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, puis Léon Deffontaines, tête de liste communiste aux élections européennes.
L’Evénement du dimanche sur LCI : Marion Maréchal puis Manon Aubry, têtes de listes aux européennes pour respectivement Reconquête et LFI.
Forum Radio J : Valérie Rabault, vice-présidente de l’Assemblée nationale et députée PS du Tarn-et-Garonne.
ET AUSSI À LA UNE. Le Parisien : Kylian Mbappé, le Parc perd son prince … La Tribune Dimanche : MeToo Cinéma : Cannes au bord de la crise de nerfs … Le JDD : Attal monte au front.
Lundi 13 mai. Choose France : septième édition du sommet sur l’attractivité de la France, à Versailles, avec Emmanuel Macron, qui sera le matin dans la Marne pour l’annonce d’un investissement du groupe McCain … Gabriel Attal présidera le déjeuner avec les patrons … Le Premier ministre rejoindra ensuite Valérie Hayer à Lyon dans la soirée pour une réunion publique … Nicole Belloubet va à Bruxelles pour le Conseil européen Éducation, jeunesse, culture et sport … Assemblée nationale : début des examens en séance publique du projet de loi constitutionnelle sur la Nouvelle-Calédonie … projet de loi sur la fin de vie en commission spéciale, jusqu’à vendredi … Meeting de Raphaël Glucksmann et Olivier Faure à Limoges … Manon Aubry se rend avec François Ruffin sur le site de l’usine Metex, à Amiens, où elle tient ensuite un meeting … Marion Maréchal présente son programme, lors d’une conférence de presse à Paris … Les Républicains organisent une Nuit de l’école, à Paris, dans le cadre de leurs états généraux.
Mardi 14 mai. Gabriel Attal se rend sur le chantier du Lyon-Turin … Assemblée nationale : vote solennel sur le projet de loi constitutionnelle sur la Nouvelle-Calédonie et début de l’examen en séance publique du projet de loi agricole … Meetings de Raphaël Glucksmann pour présenter ses propositions, à Amiens, où il se rendra sur le site de l’usine Metex, et d’Olivier Faure à Clermont-Ferrand … Réunion publique des Ecologistes à Paris, avec notamment Marine Tondelier, Yannick Jadot, Sandrine Rousseau … François-Xavier Bellamy est reçu par les représentants du Mouvement des ETI, de France Invest et de CroissancePlus à Paris puis présente son projet à L’Haÿ-les-Roses.
Mercredi 15 mai. Emmanuel Macron se rend au parc éolien de Fécamp et à l’EPR de Flamanville, jusqu’au lendemain … Assemblée nationale : désignation par le bureau du ou de la nouvelle présidente de LCP … auditions de François Villeroy de Galhau par la commission des finances ; de Stéphane Séjourné par celle des affaires étrangères … Raphaël Glucksmann présente son programme lors d’une conférence de presse à Paris … Meeting de Léon Deffontaines à Paris … La CPME auditionne plusieurs candidats aux européennes.
Jeudi 16 mai. Gabriel Attal rencontre Jordan Bardella à 18 heures, dans le cadre de ses consultations sur la violence des mineurs … François-Xavier Bellamy se rend dans le Var.
Vendredi 17 mai. Emmanuel Macron présente le projet de loi sur Mayotte aux élus locaux … Meeting de Raphaël Glucksmann et Olivier Faure à Morcenx … François-Xavier Bellamy est en Ille-et-Vilaine … Fin du délai de dépôt des candidatures aux européennes, à 18 heures.
Samedi 18 mai. Meetings de Valérie Hayer à Strasbourg, de Raphaël Glucksmann à Montpellier, de Manon Aubry à Bordeaux.
Dimanche 19 mai. Réunion publique de Fabien Roussel à Bordeaux.
— Qui vote pour l’extrême droite en Europe, et pourquoi ? (notre podcast en anglais)
— Trump intensifie ses attaques et déclare que Biden est “entouré de fascistes” (en anglais)
— Européennes : comment faire des vagues, le défi du communiste Deffontaines (L’Express)
DÍA DE ELECCIONES. Un revenant pourrait faire son retour chez nos voisins espagnols : Carles Puigdemont, à l’origine de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. Toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt de l’autre côté des Pyrénées, l’ex-président de la Catalogne rêve de la diriger de nouveau, si son parti remportait le scrutin local qui se tient aujourd’hui pour renouveler le Parlement régional. Mon collègue Aitor Hernández-Morales a interviewé celui qui est donné en deuxième position des sondages, derrière le Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez.
Un grand merci à : mes éditeurs Jason Wiels, Jean-Christophe Catalon et Pauline de Saint Remy.
ABONNEZ-VOUS aux newsletters de POLITICO (en anglais): Brussels Playbook | London Playbook | London Playbook PM | Playbook Paris | Global Playbook | POLITICO Confidential | Sunday Crunch | EU Influence | London Influence | Digital Bridge | China Watcher | Berlin Bulletin | D.C. Playbook | D.C. Influence | POLITICO Pro newsletters

en_USEnglish